mardi 30 mai 2017

Reality show : quand le viol devient public et légal



J’aimerais qu’on parle de ca ici.

VIDÉO :
https://www.facebook.com/MasterPieceTattoos/videos/657190677815614/


Et du summum de ce que les “tattoo reality shows” ont pu inventer comme insanité pour attirer leur clientèle avide de drame.



Si on retourne en arrière un peu, j’ai toujours eu une relation amour-haine mais plus haine pour les émissions de tatouage. Back in the time de Miami Ink et LA ink (Notez que la shop de Miami ink s’appelle effectivement Love-Hate, ce que je ne savais pas et que je trouve présentement hilarant) en 2005 or so, on pouvait y voir un mélange de features​ d’artistes et de leur art avec une petite partie de la bullshit quotidienne au sein d’un tattoo shop. Quand même assez réalistement car par expérience je peux dire que les shops de tatouage, peu importe leur style (et dans ce cas-ci à la TV on aime bien vous montrer le traditionel ink, boze and rock'n roll) sont quand même full drama. Mais pour vrai, qui a besoin de s’assoir le soir pour regarder le drame des autres quand on a passé la journée les 2 pieds dans la nôtre. Je peux voir comment pour le “commun des mortel” ça peut sembler divertissant et “exotique” après avoir passé la journée dans un cubicule, mais pour moi c’est l’antipode de ce que j’essaye de renforcer dans mon quotidien: c’est à dire une belle dynamique de groupe, de belles rencontres avec les clients, et des beaux tatouages.

Donc. Au début j’ai écouté ici et là quelques épisodes mais je me suis vite tannées des problèmes inventés d’une Kat Von D de plus en plus artificielle, dans un set up complètement irréaliste. On était clairement plus dans le “reality show” car les chicanes étaient manifestement inventées. J’ai souvent décrié la représentation de pratiques non sécuritaire compromettant la propreté, ce qui donne le mauvais exemple aux nouveaux tatoueurs. Aussi la fausse dynamique du walk-in, la personne qui rentre pour une manche le matin et où le tatoueur à le temps de tout dessiner et tout tatouer avant que la personne reparte le sourire au lèvre avant même qu’il fasse noir dehors (et on s’entend que c’est connu que les artistes sont pas le genre à se lever à 5h le matin). Tout cela donnant une fausse image de la réalité et menant à plusieurs situations malaisantes avec les clients éduqués par ces émissions.

Avant peu, les artistes respectables présentés dans ces émissions ont choisi de ne pas renouveler leurs contrats et sont partis ailleurs, refusant d’identifier leurs nom à cette nouvelle culture qui commençait à heurter notre industrie (Cory Miller et Hannah Atchison par exemple).

Quelque part la dedans ont vu le jour des émissions comme “tattoo school” et “on the road” qui ont été DÉMOLIE par l’opinion générale de la communauté professionnelle car elles donnaient le pire exemple de pratiques et d’idéaux, aspirant à montrer à tatouer des gens dans un environnement loin d’être professionnel en quelques jours ou associant le tatouage avec tous les préjugés dégradants typiques et valeurs morales douteuses (genre les tatoués rejettent la société, ont pas d’éducation, se tiennent dans les bars miteux et ont des pratique hygiénique horrible). Ce qui est très loin de la réalité.

Par la suite sont venue les fameuses compétitions. Des émissions organisées et jugées par des gens qui ne sont pas tatoueurs eux-mêmes, présentant de jeunes artistes prêts à tout pour se faire connaitre et passer à la TiVi. A part pour le show “Best Ink”, que j’ai beaucoup aimé car professionnel et pleinement axé sur l’art (et qui, surprise surprise, n’a pas fait plus de 2 saisons), je n’ai plus vu d’artistes de renom participer activement à ce genre de séries. Semble-t-il que depuis la dernière fois que j’ai pris la peine de regarder ce qu’il se passe sur le câble, on a atteint de nouveaux sommets de médiocrité.

Premièrement, un des problèmes majeurs de la société en général aujourd’hui est qu’on a perdu tout sens du sacré (comme le dit si bien mon amie Nadia). Et plus fondamentalement du respect de l’autre. Je ne connais aucun artiste professionnel qui, même mis sous la pression d’une chaine de TV auraient accepté de marquer à vie une autre personne (même consentante car croyant se faire faire une belle pièce) d’une horreur pareille. À mes yeux, ces artistes ont perdu toute respectabilité et ont manqué critiquèrent de jugement dans un contexte où la pression sociale leur a fait croire que c’était ok (EXEMPLE, dans le temps des nazis, les gens qui opéraient les chambres à gaz étaient poussées à croire, dans leur contexte social, que c’était ok. Got it?) Sans le précieux consentement que ces personne ont sans doute signées, faire ceci à une personne est sans aucun doute illégal (et définitivement amoral).

C’est à mon avis du bullying complètement gratuit et public. Ces gens devront vivre avec « l’aftermath » psychologique de marques permanente à leur corps, pratiquement un viol public, pour le reste de leur vie. Et les perpétrateurs de ce viol marcheront librement, certains peut-être reproduisant le geste ou inspirant leur prochain à faire la même chose, ou d’autre avec un cauchemar occasionnel engendré par le remord, qui sait.

vendredi 12 mai 2017

6 raisons pourquoi se faire tatouer ce symbole n’est pas une bonne idée



Si vous êtes déjà entré dans un tattoo shop dans l’idée de vous faire tatouer ceci, vous vous êtes possiblement fait accueillir avec une réaction comme celle-ci.




La réalité est que le populaire signe de l’infini est une pas pire mauvaise idée de tatouage et que pour la plupart des artistes, il est trop pénible de même commencer à expliquer pourquoi. Laissez-moi ce plaisir, une bonne fois pour toute.
1. Le symbole de l’infini est un symbole mathématique qui "représente une infinité potentielle, plutôt que représenter une quantité actuellement infinie. Le symbole de l'infini est conventionnellement interprété comme une variable grandissant arbitrairement (vers l'infini) plutôt qu'une valeur réellement infinie." On s’entend que c’est un peu approximatif comme symbole absolu.
2. C’est un symbole MATHÉMATIQUE et non un symbole métaphorique. Donc pas vraiment poétique ni romantique.
3. C’est un symbole qu’on utilise interchangeablement pour signifier :
 Permanence
D’un point de vue spirituel, c’est un peu un non-sens. Un des premiers enseignements du bouddhisme est que RIEN n’est permanent. De plus, le tatouage est lui-même permanent, donc c'est un peu redondant.

 Éternité / Complétude
Il existe d’autres super beaux symboles pour évoquer ces concepts. Plus artistiques, plus poétiques et plus exacts (Exemples : ensō, ouroboros, noeuds celtiques...)

• Memento relationnel ou d’engagement
Pourquoi choisir un symbole générique quand vraiment, il existe une infinité (tsé) de concepts pour représenter votre relation si spéciale et unique (entre les membres d’une famille, des amis, ou un couple). Favorisez un symbole personnel et unique qui parle vraiment de vous!

 Un amour ou un attachement incommensurable
Encore une fois, d’autres symboles existent pour représenter ce concept, par exemple celui de la claddagh.


4. Spirituellement, et selon mon point de vue personnel, c’est un symbole qui évoque être stuck en boucle, sans évolution, sans sortie, sans transcendance. Dans un même style, j'endosse davantage la symbolique de l’unalome.
5. Un symbole fin et précis comme celui de l’infini est un défi technique pour le tatoueur. De plus, s’il est trop petit (comme le désirent la plupart des gens), c’est un tatouage qui passera difficilement l’épreuve du temps. Les lignes élargissent et les petites boucles finissent par s’obstruer, vous laissant avec pas grand-chose d’autre qu’un regret. Spécialement additionné de mots ou d’autres dessins (oiseaux, plumes, ancre de bateau, name it), c’est une image très difficile à équilibrer graphiquement (en d’autres mots, c’est souvent laid). C’est pourquoi les tatoueurs d’expérience refusent habituellement d’exécuter ce motif, vous laissant ainsi à la merci des apprentis et tatoueurs de moindre vertu. C’est comme qui dirait un cercle vicieux (∞)
6. Allez voir sur Pinterest et cherchez “infinity tattoo”. Ça prend pas longtemps pour réaliser que tout le monde et leur grand-mère se sont déjà fait tatouer la même chose. Ce qui veut dire qu’on est ici dans un phénomène de mode, un trend. On veut éviter comme la peste les modes car bien qu’un tatouage n’est pas éternel (nous allons tous mourir et nous décomposer un jour), ça dure pour un bon bout de temps. Et ton tatouage cool en 2010 ne passera peut-être pas le test du “bon goût” pour entrer dans la catégorie des “classiques” (et donc intemporel).

Mon argumentaire mi comique mi satirique (mais je pense quand même respectueux et constructif), est issu de la 4e demande de la semaine.

CECI DIT. Si on concidère que toute expérience à une valeur, vous pouvez bien vous faire tatouer ce que vous voulez! En toute hypocrisie, j'ai parfois tatoué des signes de l'infini, des kanjis et un paquet d'autres affaires peu recommendables. J'aime toujours mieux les faire moi-même que voir mes clients finir nimporte où. Je suis moi-même couverte de tatouages insignifiants et laids et ça ne me fait pas un pli. Je suis une ode au tatouage irréfléchi.